Lorsque l'on vient de la musique classique et de la lecture de partition classique, le monde du JAZZ peut sembler déroutant, avec son rythme et ses symboles bien particuliers. Nous allons tenter de démystifier tout cela dans ce chapitre.
La notation JAZZ n'est pas un standard à part entière. Elle s'est formée au fur et à mesure du temps, c'est pourquoi
il y a souvent plusieurs symboles pour indiquer la même information. Mais depuis quelques années, tout cela a tendance à s'uniformiser.
Il faut garder à l'esprit que le jazz est un genre musical originaire du Sud des États-Unis, et que par conséquent la notation des notes est anglaise.
Do ➡️ C
Ré ➡️ D
Mi ➡️ E
Fa ➡️ F
Sol ➡️ G
La ➡️ A
Si ➡️ B
Comme vous pouvez le constater, la notation anglaise est beaucoup plus courte que la notation française, puisqu'il n'y a qu'une seule lettre par note !
N'hésitez pas à faire de la lecture de note en utilisant cette notation anglaise,
cela vous permettra de vous familiariser plus rapidement avec le nom des notes en anglais.
Si vous avez du mal à positionner sur le piano les notes en anglais (A, B, C, D, E, F, G) n'hésitez pas à utiliser des petits autocollants sur les touches
du piano, en les voyants à chaque fois que vous regarderez le clavier vous vous familiariserez avec beaucoup plus rapidement. Vous pourrez en trouver
pour une dizaine d'euro sur Amazon :
Dans la notation JAZZ, chaque symbole décrit un accord (ensemble de notes).
Ce symbole est tout d'abord composé d'une note (de A à G) pour indiquer la tonalité de l'accord.
Il est très important de connaitre les accords de base et de savoir les jouer rapidement sur le piano, car c'est à partir d'eux
qu'on construit les autres accords. Les accords de bases sont les accords parfaits de la gamme, construits (comme nous l'avions vu dans l'article accords)
à partir des degrés 1 (tonique), 3 (tierce) et 5 (quinte).
Voici les principaux accords de bases :
Ces accords ont la particularité de pouvoir s'écrire de deux manière différentes (que ce soit en notation jazz ou classique). Par contre au piano les notes à jouer sont les mêmes.
Pour expliquer chaque symbole dans les exemples à venir, j'ai choisi d'utiliser la note C mais gardez bien à l'esprit que vous pouvez remplacer cette note par n'importe quelle note de la gamme, y compris les notes avec altérations. Par exemple, au lieu de commencer mes notations par C, j'aurai pu les commencer par G ou F#, toutes les notes sont possibles. Vous pouvez reconstruire (transposer) tous les accords à partir de la tonalité de votre choix si vous respectez les mêmes intervalles entre chaque notes.
Pour obtenir l'accord mineur à partir de l'accord de base, on diminue la tierce d'un demi-ton. Sur la notation de l'accord, un "m" minuscule est ajouté après la lettre de l'accord :
Un accord de 6ème est en fait tout simplement un accord de 7ème dont la 7ème est remplacée par la 6ème. On parle bien ici de remplacer la 7ème par la 6ème car lorsqu'on ajoute la 6ème tout en gardant la 7ème on se retrouve alors en fait avec un accord de 13ème (que nous verrons juste après). Voici un exemple :
Pour les accords de 9ème, 11ème et 13ème, il faut ajouter (et non remplacer comme pour l'accord de 6ème) des notes supplémentaires à l'accord de 7ème
afin d'obtenir le degré voulu.
Ces accords sont plus rares que les accords que nous avons vus précédemment, mais leur construction reste très simple, puisqu'il s'agit d'ajouter
les degrés 9, 11 ou 13 à l'accord de 7ème que nous avons vu plus haut. Il est donc très important d'être à l'aise avec l'utilisation des accords de 7ème
avant d'ajouter des degrés supplémentaire aux accords.
Lister de manière exhaustive tous les accords de 9ème, 11ème et 13ème prendrait beaucoup trop de place ici et ne serait pas très utile, leur construction étant relativement simple.
Je vais cependant vous donner quelques exemples d'accords importants de 9ème, 11ème et 13ème que vous pourriez rencontrer :
Dans un accord suspendu la tierce est remplacée par une quarte (abréviation "sus4") ou par une seconde (abréviation "sus2"), ce dernier n'étant pas très utilisé. Il arrive parfois que seule l'abréviation "sus" soit ajoutée en plus du symbole de l'accord. Dans ce cas, c'est l'abréviation "sus4" qu'il faudra utiliser. Voici un exemple :
La basse est une note qui doit être jouée dans les tons plus graves pour servir d'accompagnement. On indique cette basse en utilisant le symbole "division" ("slash" en anglais) suivi du nom de la note qui devra être jouée. Par exemple le symbole : C/E est l'accord de Do majeur avec une base en Mi, ce qui pourra être joué comme : Dans cet exemple, l'accord de do qui est utilisé en clé de sol est le deuxième renversement, celui qui commence par mi, ce qui permet d'avoir une base de mi bien prononcée : un mi à la main gauche et un accord qui commence par mi à la main droite : on respecte donc bien la consigne de la base de mi demandée par le symbole.
Ce qui est important de comprendre c'est comment on construit l'accord à partir de la notation. Apprendre tous les accords
(bien que possible) n'est pas une bonne idée quand on commence à apprendre la notation JAZZ, et il sera beaucoup plus pratique de
savoir les reconstruire.
De plus, la notation n'étant pas entièrement standardisée, vous rencontrerez certainement des notations que vous n'avez jamais vu auparavant, mais
pas de panique ! Avec un peu de bon sens, vous comprendrez vite ce qu'a voulu exprimer l'auteur.
Par exemple, supposons que vous rencontriez le symbole suivant :
CΔ(#4)
Vous comprenez qu'il s'agit d'un accord de 7ème majeur et qu'il y a en plus une 4ème qui devra se jouer un demi-ton au dessus (ce qui est en fait un accord de 11ème) car il y a le symbole dièse devant le 4.
Lorsque vous devez retrouver un accord sur le piano à partir de sa notation, l'idée est d'utiliser l'agencement de notes au piano pour avoir une vue "graphique" de l'accord.
C'est d'ailleurs pour cette raison qu'apprendre les accords avec la notation JAZZ est d'une certaine manière plus simple que d'apprendre à lire une partition,
si vous savez visuellement construire un accord au piano via son symbole vous irez beaucoup plus vite pour le jouer que déchiffrer les notes une à une.
D'ailleurs, les pianistes qui viennent du classique peuvent même gagner beaucoup de temps au déchiffrage de leur partition lorsqu'ils reconnaissent les accords
dans leur globalité plutôt que note par note.
Si vous souhaitez retrouver l'intégralité des accords, je vous invite à essayer ce site :
Piano Chord Chart
qui liste l'intégralité des accords avec leurs renversements (ce qui donne plusieurs milliers d'accords différents !)
La notation JAZZ n'est en général pas spécifique à une manière particulière de jouer les notes.
On retrouvera cependant bien souvent un découpage en mesures comme c'est le cas pour les partitions classiques.
Chaque symbole JAZZ a pour but de décrire un accord de la gamme, cet accord pouvant ensuite être joué de différentes manières.
Une liberté totale est laissée à l'interprète, du moment que les informations données par ce symbole JAZZ sont respectée
(et encore, certains joueurs avancés de JAZZ sortent parfois du cadre donné).
Voici un exemple avec le début de la chanson "Les feuilles mortes" ("Autumn Leaves" en anglais) avec une ligne mélodique et la notation JAZZ au dessus de chaque mesure :
Sur cette partition nous remarquons tout d'abord le terme "Med JAZZ" situé en haut à gauche, qui est l'abréviation de "Medium JAZZ" ce qui nous donne des informations
sur le tempo (Medium en JAZZ est à peu près l'équivalent de "Allegro" en musique classique, donc tout de même assez rapide) et sur le rythme qui sera ternaire en JAZZ.
La clé de sol et les mesures sont représentées comme sur une partition de musique classique traditionnelle, d'où l'intérêt de connaitre les bases de l'écriture des partitions.
Comme vous pouvez le remarquer, on a des notes avec symboles de JAZZ au dessus de chacune des mesures, ici Am7 et D7, qui serviront à construire nos accords.
Dans les prochains chapitres, nous verrons comment se servir de cette notation JAZZ comme base pour plaquer des accords ou faire des arpèges pour accompagner
des chansons au piano ou même improviser sur une grille d'accords.